écrivain

prix Goncourt 2007

novelist, short story writer

Goncourt prizewinner 2007

L'AGENDA

PARIS, 12 septembre. Librairie Les cahiers de Colette : lancement du Monologue de la louve. À partir de 18h. 23/25, rue Rambuteau, 75004.

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NANCY, 14 septembre. Le livre sur la Place.

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STRASBOURG, du 25 au 27 septembre. Festival Bibliothèques idéales.

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RABAT (Maroc), du 4 au 7 octobre. Festival Littératures itinérantes.

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PAU, 12 octobre. Espace culturel Leclerc.

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BIARRITZ, 13 octobre. Festival L’invitation aux voyages.

 

 

Un lycée pour Bagneux

Le texte de l’appel

 

« Je suis né à Bagneux d’une famille modeste - pour ne pas dire pauvre. Ma grand-mère et ma grand-tante ont habité de leur naissance à leur mort le même immeuble insalubre dans l’actuelle avenue Albert-Petit, sans eau courante, sans évacuation, avec juste l’électricité.

Des femmes qui avaient dû quitter l’école à 11 et 12 ans, l’une pour entrer dans un atelier de couture, l’autre dans une imprimerie.  Ma mère, elle aussi, dut interrompre sa scolarité en classe de première, quitter le lycée de jeunes filles  du 14ème arrondissement de Paris où elle était une brillante élève, parce que ma grand-mère, employée par les maisons de la place Vendôme et régulièrement soumise au chômage saisonnier, venait de donner le jour à une enfant handicapée dont les soins occasionnaient des frais vertigineux. On aurait pu croire à une fatalité, génération après génération.

Sur le papier, j’avais peu de chances de m’en sortir et pourtant je l’ai fait. Mais pas tout seul. Pas par hasard. Oui, j’aimais l’école et j’étais un enfant studieux, mais cela ne suffit pas. Outre l’amour de ma famille, il m’a fallu l’attention de tous mes maîtres depuis  la Primaire jusqu’au collège Henri Barbusse. Moi qui n’ai aucune mémoire des noms, je me rappelle celui de mon professeur de français et de latin, M. Hartmann. C’est lui qui m’a appris à travailler, et que rien n’arrive sans travail. C’est lui qui a rempli le dossier pour que j’entre en seconde au lycée Lakanal, le meilleur établissement en banlieue, disait-il, l’égal des lycées parisiens Louis-le-Grand et Henri-IV.

Les places étaient chères : ce mois de septembre 72, nous n’étions que deux élèves de Barbusse à entrer en seconde à Lakanal. Nous y retrouvions quatre autres enfants balnéolais venus, eux, du collège Joliot-Curie. Six élèves au total. Six élèves pour accéder au prestigieux lycée de la ville voisine, c’est un maigre compte pour une cité aussi vaste et peuplée que Bagneux.

Il faut dire que la ville voisine en question était – et demeure – une ville riche, pourvue de tous les symboles du pouvoir et de l’opulence : un château, un parc, des villas luxueuses et ce fameux lycée d’élite qui, aux  biens terrestres, ajoutait l’excellence spirituelle.

Entre la tour où j’habitais au nord de Bagneux et les grandes demeures scéennes où m’invitaient mes nouveaux camarades d’école, le contraste était si saisissant, il m’a si profondément marqué que j’en ai fait le décor de plusieurs nouvelles et d’un roman. Dans ces fictions, les deux villes sont séparées par un fleuve symbolique. On le franchit, ou pas.

J’entends aujourd’hui parler d’une extension du lycée Lakanal à Bagneux et ne puis qu’applaudir  à ce projet magnifique. C’est comme tendre un pont entre les deux rives du fleuve, c’est réunir des mondes que l’on croyait inconciliables.

Mais c’est d’abord et surtout prendre conscience d’une aberration : en dépit de sa démographie, Bagneux n’a toujours pas sur son territoire de lycée d’enseignement général. Que ce lycée attendu depuis des décennies soit un prolongement de l’un des grands lycées de France ne compte pas pour rien dans la confiance qu’inspire ce projet : on ne pourrait naître sous de meilleurs auspices, et tous les espoirs sont permis.

Lorsque Marie-Hélène Amiable m’a fait part de son idée en précisant que le maire de Sceaux y apportait son suffrage,  j’ai tout de suite pensé : « Je veux voir ce lycée sortir de terre. Je le veux terriblement. »

Aujourd’hui, j'ai la ferme intuition que ça se fera, quelque temps que cela prenne. Le plus vite serait évidemment le mieux,  et  nous aurons besoin de toutes les bonnes volontés pour y parvenir. C’est pourquoi je vous appelle aujourd’hui  à soutenir ce projet ambitieux, juste et nécessaire.

Un projet moderne aussi,  à l’image des désirs de notre temps, de nos aspirations grandissantes à plus de brassage social, à toujours plus d’égalité des chances.

Comme tous les autres, les enfants de Bagneux méritent  l’excellence. »

Gilles Leroy, 27 juin 2013.

 

Un comité de soutien a créé à la publication de cet appel. Parmi les premiers signataires : Marie NDiaye, Jean-Marie Gustave Le Clézio, Daniel Pennac, Danièle Sallenave, Mathieu Vidard et Augustin Trapenard, notamment.

 

http://www.leparisien.fr/espace-premium/hauts-de-seine-92/les-enfants-de-bagneux-meritent-l-excellence-26-12-2013-3439867.php

http://www.leparisien.fr/espace-premium/hauts-de-seine-92/le-projet-de-premier-lycee-fait-un-grand-pas-en-avant-02-10-2014-4180187.php

 

Victoire par le haut

 

Mars 2017, après quatre années de démarches, la Région a non seulement donné son feu vert mais approuvé le projet au-delà de nos espérances.

Alors que nous appelions à une extension du lycée Lakanal voisin avec la création de 500 places,  le lycée de Bagneux sera finalement un lycée de plein exercice doté de 1300 places.

http://www.leparisien.fr/bagneux-92220/bagneux-apres-50-ans-d-attente-la-ville-celebre-son-futur-lycee-26-03-2017-6797442.php