Les machines à sous, c'est la grande réussite d'André, jeune homme des années soixante qui gravit un par un les échelons de la maison Aubusson, négoce de flippers, juke-box et « bandits manchots » en tous genres. À dix-sept ans, André devient le père de Gilles, surnommé Billy Boy en hommage à un succès de rock. Le narrateur pose son regard d'enfant sur les dissensions familiales, sur la pauvreté du clan maternel et la richesse tapageuse du clan paternel, sur les peurs et les combats d'Éliane, épouse adorée autant que délaissée, sur les frasques d'André, surtout, que l'âge n'apaisera pas et qui continuera de passer ses nuits dehors, entouré d'une cour permanente.
« Au rayon des petits garçons déglingués, j'allais faire merveille. » Le narrateur grandit dans ce climat chaotique et arrive à l'âge des premières amours, des premiers aveux. Au fil du temps, le fils se heurte à un père insaisissable qui brûle sa vie et, peu à peu, semble se soustraire à la société des hommes. Mais l'affrontement tourne court, cédant chaque fois devant l'évidence d'une passion muette, sorte d'amour dans le miroir. « Billy Boy est fier de la jeunesse de son père, de sa beauté. Dédé est fier de la taille de son fils, de sa précocité. »
Ce sont les manques et les failles d'une vie qui font l'identité d'un être, et c'est l'absence encombrante du père, dont il porte les marques encore vives, qui constitue la trame, par endroits sectionnée, de l'existence de l'auteur qui en a tiré un roman révolté, dont l'éclat et l'ampleur du phrasé hantent le lecteur bien après la dernière page.
Ce roman a reçu le prix Valery-Larbaud en 1999.